Des experts des droits de l'homme des Nations Unies appellent à une action urgente à fin d’atténuer les risques accrus de violence contre les enfants

GENÈVE (7 avril 2020) - Des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont appelé les États Membres à renforcer les mesures de protection des enfants pour assurer le bien-être de millions d'enfants dans le monde, qui pourraient être plus exposés à la violence, à la vente, à la traite, aux abus sexuels et à l'exploitation au cours de la pandémie du COVID-19.

Les parents, les soignants, les prestataires de services et les forces de l’ordre nécessitent d’être renforcés afin d’atténuer les risques accrus pour les enfants, ont déclaré les experts des droits de l'homme de l'ONU.\

«À l'échelle mondiale, les mesures de confinement et l'interruption de la prestation de services de protection de l'enfance déjà limités,  aggravent la vulnérabilité des enfants vivant dans des établissements psychiatriques et sociaux, des orphelinats, des camps de réfugiés, des centres de détention pour immigrants et d'autres établissements fermés, et ce d’autant que les cas de violence, d'abus et d'exploitation sexuels des enfants confinés dans ces institutions  risquent de ne pas être détectés », a déclaré la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la vente et l'exploitation sexuelle des enfants, Maud de Boer-Buquicchio.

«Durant cette époque de confinement et d'isolement à la maison et ailleurs, les enfants courent un plus grand risque d'être victimes de violence et d'exploitation ; de même que leur santé mentale risque d’être fortement impactée. C’est particulièrement le cas des enfants qui sont déjà dans des situations de vulnérabilité et  qui ne doivent pas être laissés pour compte », a déclaré Najat Maalla M’jid, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants.

Les experts ont instamment prié les gouvernements de veiller à ce que des services de protection de l'enfance et des services de police dotés des effectifs adéquats soient disponibles et accessibles à tous les enfants. Cela comprend des lignes d'assistance téléphonique gratuites 24h / 24, des services de SMS gratuits, des services psychologiques et sociaux à distance et des abris mobiles pour mineurs. « Lorsque de tels services vitaux font défaut, les victimes sont condamnées à subir les abus et violences de leurs parents, tuteurs ou de leur proche entourage. Nous devons nous assurer que la protection des enfants est pleinement intégrée dans la réponse au COVID-19, avec des ressources adéquates allouées pendant et après la pandémie », ont-ils déclaré.

«Du fait que les liens communautaires se sont affaiblis en raison de la crise, nous devons tous rester vigilants et signaler tout abus présumé sur les enfants. Les restrictions de voyage et l'augmentation du nombre d'utilisateurs en ligne entraîneront également probablement une forte augmentation de la cybercriminalité, telles que les sollicitations en ligne à des fins sexuelles   (grooming), la diffusion en direct (live streaming) d'abus sexuels des enfants et la production et la distribution de d’images d’abus sexuels des enfants.»

«Une forte collaboration s entre l'industrie technologique et les forces de l'ordre est essentielle pour garantir la détection précoce des cas de cybercriminalité, le blocage et le retrait efficaces du matériel d'exploitation sexuelle des enfants en ligne.

"De telles opérations impliquent des forces de police dédiées et formées pour surveiller les réseaux pédophiles cryptés, accéder légalement aux adresses IP conservées pour sécuriser les preuves et coopérer avec les entreprises et les forces de police  étrangers, en conformité avec  les instruments internationaux  des droits de l'homme", ont déclaré les experts.

«La perte de revenus des ménages affectera de manière disproportionnée les enfants les plus vulnérables, faisant ainsi d’eux des proies faciles pour le travail des enfants, la servitude domestique, la prostitution, la mendicité forcée et d'autres situations d'exploitation, avec très probablement des impacts négatifs durables sur ces victimes.

«Nous devons tous faire des efforts importants pour soutenir les opérateurs de première ligne dans les services de protection de l'enfance, les dispositifs de vigilance communautaires et les forces de l'ordre. Nous devons également donner aux enfants les moyens de participer activement à la réponse à cette crise, notamment par le biais d'initiatives entre pairs. Ainsi, nous pouvons nous assurer que la dignité et les droits des enfants sont protégés et qu’aucun enfant ne subit les conséquences collatérales de cette pandémie sans précédent », ont conclu les experts.

PREND FIN

(*) Les experts: Mme Maud de Boer-Buquicchio (Pays-Bas) a été nommée Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la vente et l'exploitation sexuelle des enfants par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en mai 2014; Mme Najat Maalla M’jid (Maroc) a pris ses fonctions de représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants en juillet 2019.

L'appel a été approuvé par Mme Urmila Bhoola, Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, y compris ses causes et ses conséquences; Mme Catalina Devandas Aguilar, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées; Mme Maria Grazia Giammarinaro, Rapporteuse spéciale sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants; Mme Dubravka Šimonović, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes; M. Dainius Pūras, Rapporteur spécial sur le droit à la santé physique et mentale.

Les rapporteurs spéciaux font partie de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, sont le nom général des mécanismes indépendants d'établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques de pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et agissent à titre individuel.

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies est un défenseur mondial indépendant en faveur de la prévention et de l'élimination de toutes les formes de violence contre les enfants.

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